Du stress à l’anxiété

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Mieux comprendre pour mieux traduire

J’ai fait dernièrement différentes traductions dans le domaine de la psychiatrie, traitant notamment du trouble anxieux, du stress et des phobies. Il m’était difficile de faire la distinction entre angoisse et anxiété, d’autant plus que l’allemand Angst était utilisé indifféremment avec ces deux significations. J’ai donc décidé d’approfondir cette question. Voici en quelques lignes le résultat de ces recherches pour mieux comprendre stress, anxiété, angoisse et phobie.

Stress

 On doit la première définition du stress à l’endocrinologue Hans Selye dans les années 1920. Pour lui, le stress désigne l’ensemble des mécanismes permettant à un individu de s’adapter à un événement donné.

Étymologie
Emprunté à l’anglais stress, signifiant « force », « contrainte », « effort », « tension », lui-même issu du latin stringere, « serrer ».

Le stress est inévitable, puisqu’au départ, sous sa forme aiguë, il est le déclencheur de notre adaptation face à une situation dérangeante. Il est alors considéré comme bénéfique. Ainsi, il est normal de stresser au moment de monter sur scène pour un acteur ou de passer un examen pour un étudiant. Notre corps produit notamment du cortisol, parfois appelé « hormone du stress », qui a pour effet d’augmenter notre niveau d’énergie et de la diriger vers l’endroit de notre corps qui en a besoin.

Pourtant, s’il persiste au point de devenir chronique, le stress devient délétère et entraîne des manifestations physiques pouvant être diverses, aussi bien physiques (sueurs, maux de ventre, palpitations…), que cognitives (perte de confiance en soi, manque de concentration…) ou encore émotionnelles (tristesse, crise de larmes…).

Anxiété

Étymologie
Du latin anxius, dérivé de angere, « serrer », « étrangler ».

L’anxiété, d’ordre plutôt irrationnel, désigne quant à elle l’appréhension ou l’anticipation d’une menace dont l’origine est souvent inconnue de la personne elle-même. Elle se manifeste par un sentiment d’inquiétude, de détresse et peut parfois donner lieu à des symptômes physiques.

Elle est souvent diffuse, à tel point qu’elle constitue en fait un trait de caractère : la « personne anxieuse » ressent une crainte quasi-permanente (peur de l’avion, peur de perdre son emploi…).

L’anxiété est considérée comme pathologique à partir du moment où elle empêche la personne de vivre sa vie normalement, dans ses activités sociales, professionnelles ou quotidiennes. On parle alors de « trouble anxieux ».

Le « trouble anxieux » se subdivise en plusieurs catégories (il en existe plusieurs classifications, j’ai choisi de m’appuyer ici sur celle de la CIM-11, la plus récente) :

  • Le trouble d’anxiété généralisée (ou trouble anxieux généralisé)
    • Anxiété qui envahit la vie quotidienne, dite « flottante »

       

  • Les phobies spécifiques
    • Peurs excessives et déraisonnables associées à une situation ou un objet qui ne représente pas un danger réel ou immédiat (p. ex. peur des arraignées, de l’avion)

       

  • Le trouble d’anxiété sociale ou phobie sociale
    • Peur d’être exposé·e au regard des autres (p. ex. peur de parler en public)

       

  • Le trouble panique
    • Se caractérise par la survenue de crises de panique (sentiment de terreur associé à des symptômes physiques) répétitives et imprévisibles. Du point de vue terminologique, les crises ou attaques de panique sont la manifestation du trouble et ne constituent pas un trouble en soi

       

  • L’agoraphobie
    • Peur des lieux publics ne permettant pas toujours la fuite (p. ex. transports publics, lieux clos…)

       

  • Le trouble d’anxiété de séparation
    • Peur d’être séparé·e d’une personne proche

Phobie

On constate dans cette classification l’utilisation répétée du mot phobie. Ce mot tiré du grec phobos signifiant « peur » désigne toutes les peurs jugées irrationnelles par la personne elle-même, qui sont suscitées par un être vivant, un objet ou une situation. Classée parmi les troubles anxieux, la phobie aura des noms différents en fonction de l’objet qui suscite la peur. En voici quelques exemples :

  • agoraphobie, du grec agora signifiant « forum, marché » désigne la peur des espaces ouverts et plus précisément l’impossibilité de fuir ;
  • acrophobie, du grec akros signifiant « extrémité», désigne la peur liée à l’altitude et donc du vide ;
  • dysmorphophobie, du grec encore dys signifiant « difficulté, mauvais état » et morpho, la « forme », désigne la peur (et la conviction) d’avoir un défaut physique intolérable. Cette phobie accompagne souvent les troubles du comportement alimentaire, tels l’anorexie.

Angoisse

D’après le Dictionnaire de l’académie de médecine, l’angoisse désignait jusqu’à présent les «sensations physiques de constriction et d’oppression qui accompagnent l’anxiété », autrement dit le malaise physique entraîné par une peur intense, alors que l’anxiété désignait un « état psychique caractérisé par une peur sans objet […] ». Pourtant, cette source indique que désormais, les termes angoisse et anxiété sont employés indifféremment.

Notons toutefois que dans le langage courant, le terme « angoisse » est souvent utilisé pour parler de l’inquiétude intense liée à une situation de perte de contrôle ou de mal-être. Contrairement à l’anxiété, la notion d’angoisse inclut presque toujours la présence de symptômes physiques.

Pour résumer

* Le stress est donc une réaction physiologique normale face à un événement imprévu ou inhabituel. En revanche, sa chronicisation ne l’est pas, en particulier lorsqu’il paralyse et empêche l’action.

* L’anxiété est une peur diffuse, déplaisante, source de malaise, qui devient également pathologique si elle persiste et devient chronique car elle peut avoir des répercussions sur l’attention, la mémoire ou encore la capacité à résoudre des problèmes.

* Le trouble anxieux est une forme pathologique de l’anxiété pouvant recouvrir différents aspects en fonction de ses manifestations et de son origine.

* Les phobies sont des peurs irrationnelles et irraisonnées face à un élément particulier.

* L’angoisse peut être considérée comme une forme d’anxiété qui s’accompagne de modifications physiologiques et qui n’a souvent aucun déclencheur particulier.

Conclusion

Bien que toutes ces précisions puissent nous aider à faire la distinction entre ces différentes notions, les termes restent très proches et leur emploi évolue sans cesse, aussi bien parmi les professionnels que parmi les profanes. Il convient de rester toujours à l’affût du contexte pour savoir précisément de quoi il est question.